IMAGE DU CORPS ET PROFESSIONNELS DE LA MODE, DES MEDIAS ET DE LA COM
Les professionnels établissent une charte de bonne conduite... on en reste sans voix !
L'augmentation
du nombre de cas d'anorexie, et la mort de plusieurs mannequins ces
dernières années avaient enfin fait bouger le Ministère de la santé
l'an dernier.
Ainsi, Le Ministre de l'époque, Xavier Bertrand, avait-il demandé la création d'un groupe de travail sur l"'image du corp"s.
En ce début de période de défilés haute couture à Paris, force est
de constater que rien ne change, et que, contrairement à Madrid ou à
l'Italie, aucun IMC minimum n'a été fixé.
Le magazine 20 minutes a rendu publique cette charte.
La voici :
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"Nous, professionnels utilisateurs ou faisant usage de l’image du
corps, actifs dans les domaines de la mode, des médias et de la
communication, avons accepté de nous rencontrer et d’échanger, sous
l’égide du ministre de la santé, sur l’impact des représentations du
corps dans notre société et d’entrer résolument dans une démarche
d’engagement volontaire.
Déterminés à participer, avec les professionnels de santé et les
pouvoirs publics, à une démarche positive et valorisante autour de
l’image du corps, nous souscrivons à la présente charte qui décline nos
engagements et ouvre des chantiers ambitieux mais nécessaires.
Préambule
Attachés à la santé des mannequins comme à celle de l’ensemble des
populations qui peuvent être sensibles aux représentations du corps
véhiculées par notre société, nous partageons la volonté d’agir
simultanément sur deux dimensions :
- la question individuelle de la santé des personnes qui font
métier de l’image de leur corps, qui a été dramatiquement illustrée,
dans un contexte très différent de la France, par le décès récent de
deux mannequins en Amérique du Sud ;
- la question collective de l’impact des images du corps sur la
société et sur les troubles du comportement alimentaire qu’elles
peuvent contribuer à générer.
Conscients de la complexité de ces sujets, nous adhérons au
principe d’une démarche en deux temps consistant à montrer en premier
lieu une volonté et un engagement forts sur la question de l’impact de
l’image du corps sur la société avant d’approfondir en second lieu la
réflexion et bâtir un large consensus, dépassant nos secteurs
professionnels fortement symboliques, pour commencer à faire évoluer
les représentations et les comportements. Notre démarche s’inscrit dans
le cadre plus global du programme national nutrition santé (PNNS2) et
la présente charte n’a pas vocation à traiter de l’ensemble des
problématiques liées à l’impact de la nutrition sur la santé.
Convaincus de l’importance de nos activités dans l’expression d’une
forme de liberté et de vitalité du corps, à l’opposé de la tyrannie de
soi que constituent l’obsession de maigreur et l’anorexie, et certains
de surcroît du rôle exemplaire que peut jouer la France dans un domaine
où elle occupe une place à part, nous sommes attachés à l’idée
d’engagements partagés et concertés de tous les acteurs sur le sujet.
Si la mode, les médias et la publicité ne doivent pas être le bouc
émissaire de phénomènes qu’ils ne maîtrisent pas, ils peuvent être le
moteur d’actions positives à construire collectivement.
Persuadés enfin que sur ces sujets, les approches purement
réglementaires et répressives conduisent à des impasses ou peuvent même
être parfois contre-productives, dans un domaine où la France dispose
déjà de règles et de pratiques protectrices, nous sommes attachés au
recours à une charte d’engagement volontaire susceptible de recueillir
l’adhésion des acteurs concernés et de faire naître une dynamique
propice à l’évolution des représentations et des comportements.
Grands axes d’engagement et grands chantiers
1. Sensibiliser le public à l’acceptation de la diversité corporelle
Nous nous engageons à promouvoir dans l’ensemble de nos activités
une diversité dans la représentation du corps, en évitant toute forme
de stéréotypie qui peut favoriser la constitution d’un archétype
esthétique potentiellement dangereux pour les populations fragiles :
- dans le domaine de la mode et de la création, nous veillerons à
sensibiliser les créateurs, les directeurs artistiques et les agences
de mannequins à cette nécessaire diversité.
- dans le domaine de la publicité, nous continuerons à mettre en
avant cette diversité, nos annonceurs s’adressant d’ailleurs à des
publics larges pour lesquels une monotypie centrée sur la jeunesse et
la maigreur n’est pas nécessairement la plus efficace.
- dans le domaine de la presse magazine, nous veillerons à cette diversité dans nos publications.
Nous nous engageons à participer aux actions qui pourront être
mises en place, à l’initiative du ministre de la santé, avec l’ensemble
des professionnels concernés (santé, social, éducation, etc.) pour
renforcer la prévention, l’accompagnement et la protection des jeunes
et des personnes les plus vulnérables. Une attention particulière doit
être portée sur les périodes de grande fragilité et sur les débuts de
l’anorexie et dans cette optique l’éducation par la santé et la
formation et la responsabilisation des parents sont essentielles.
2. Protéger la santé des professionnels de l’image du corps, en
lien avec les familles et dans le cadre des dispositions législatives
existantes
Dans le domaine de la mode et de la création, une campagne de
sensibilisation et d’information sera développée auprès des services de
médecine du travail sur les risques liés à l’extrême maigreur.
Dans le domaine des médias, nous nous engageons à ne pas accepter
la diffusion d’images de personnes, notamment si elles sont jeunes,
pouvant contribuer à promouvoir un modèle d’extrême maigreur.
Nous nous engageons à contribuer à une réflexion et une
concertation conduite, sous l’égide du ministre de la santé, pour faire
le bilan de la législation relative à l’emploi comme mannequins des
jeunes de moins de 16 ans, tout en nous félicitant de l’existence de
cette législation, qui ne se retrouve pas dans tous les pays.
3. Mieux informer le public sur l’utilisation de l’image du corps
pour éviter les phénomènes de stigmatisation et de promotion de la
maigreur
Dans le but de contribuer à sensibiliser le public à l’acceptation
de la diversité corporelle, nous nous engageons à œuvrer, chacun dans
son domaine d’activité, pour éviter toute forme de stigmatisation des
personnes en raison de leur physique et de leur poids.
Des travaux seront engagés au sein du Bureau de vérification de la
publicité pour parvenir à un encadrement déontologique et des
recommandations de bonnes pratiques sur les représentations du corps
dans les publicités et sur la bonne information du public en la
matière.
Nous nous engageons à participer au débat qui devra s’ouvrir sur la
régulation du traitement de l’image du corps sur Internet, tant sur des
supports à vocation commerciale que sur des espaces tels que les forums
ou les blogs. Ce thème sera abordé dans la seconde phase des travaux du
groupe.
Nous nous engageons à conduire une réflexion en faveur d’une
contribution équilibrée et critique des magazines féminins à la demande
de minceur qui s’exprime au sein de la société. Cet équilibre pourra
notamment ressortir d’un traitement éditorial rappelant les risques des
troubles alimentaires ainsi que d’un regard sanitaire sur les régimes
proposés et leur efficacité ou non efficacité."