PHOBIE SCOLAIRE / REFUS SCOLAIRE ANXIEUX
Phobie scolaire / Refus scolaire anxieux
Définition
Phobie scolaire : « enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et resistent avec des réactions d’anxiété très vive ou de panique quand on essaie de les y forcer» Ajuriaguerra
L’anxiété se produit :
- Lors du départ
- Lorsque la situation est envisagée (appréhension)
Le terme de phobie scolaire est difficilement recevable. Il sous-entend que l'enfant à peur de l'école, ce qui est souvent inexact voire faux. Un refus scolaire peut avoir diverses origines. J'utiliserai donc le terme de refus scolaire anxieux.
Le refus scolaire anxieux est hétérogène. De nombreux mécanismes et phénomènes cohabitent.
Le refus scolaire anxieux peut être du par exemple :
- A un territoire phobique (phobie sociale, anxiété de performance, phobie spécifique…) : Les stimuli vont alors être internes, propres à l’enfant : pensées, croyances, distorsions cognitives (« je suis nul »…),comportements, …
- A l’angoisse de séparation : Les stimuli sont alors externes ou « systémiques ». (séparations, relations sociales, structure familiale...)
Le terme "refus scolaire" ou "phobie scolaire" n’est donc pas nécessairement un diagnostique pertinent. Il convient d’en poser un afin de mettre en place une aide adaptée.
Quelques éléments
-
Le refus scolaire anxieux est à on paroxysme à des moments clés : de 5
à 7ans (entrée au CP), à 11 ans (entrée en 6ème), à l’adolescence (14
ans).
- Le refus scolaire anxieux représente 11 à 14 % de la population scolaire.
- Il s’agit souvent du dernier enfant quand il est question d’angoisse de séparation.
- La maman est souvent décrite comme hyper-protectrice et inaffective (difficulté à exprimer, montrer ses sentiments). La maman a souvent eu des difficultés anxieuses (comme des tendances agoraphobiques), des troubles anxio-dépressifs ou elle-même des difficultés du même ordre pendant l’enfance. Dans l’angoisse de séparation, on peut observer par exemple des enfants utilisés comme objets contra-phobiques par la maman. Dans une affaire de dépendance, il y a de toute manière toujours deux personnes.
- Le père est assez souvent absent, concrêtement (travail) ou
familialement (rôle secondaire attribué ou auto-attribué). La
notion de phobie scolaire a fait son apparition dans la littérature
dans les années 40. À cette époque, on a interprété le refus scolaire
comme résultant d'une angoisse de séparation des figures parentales,
surtout de la mère, parce que la relation mère-enfant aurait été
symbiotique. C'était la grande époque de l'école psychodynamique. Dans
les années 60, le béhaviorisme a redéfini le concept comme étant "un
comportement d'évitement motivé par une peur intense de la situation
scolaire et maintenu par des renforcements secondaires". La phobie
scolaire est devenue une phobie simple spécifique. Toutefois, bien que
les 2 conceptions (psychodynamique et behaviorale) n'aient jamais été
conciliées dans une même définition, les cliniciens et les chercheurs
les interchangent. Selon les DSM-III et IV, le refus de fréquentation
scolaire peut être diagnostiqué, soit comme un trouble d'angoisse de
séparation (Separation Anxiety Disorder) ou soit comme une phobie
simple spécifique. De cette labilité diagnostique résulte une confusion
dans les études portant sur les phobies scolaires. Ces mêmes études
présentent plusieurs faiblesses au plan méthodologique. On ne peut donc
généraliser les résultats obtenus, surtout en ce qui concerne une
réelle angoisse d'être séparé du milieu familial. Les
auteurs questionnent l'appellation de phobie scolaire et se demandent
si c'est bien une phobie i.e. une peur excessive, irrationnelle et
spécifique, provoquant des comportements d'évitement. Dans une étude
antérieure (1993), ils ont tenté d'évaluer l'intensité de la peur
d'enfants refusant d'aller à l'école et l'ont comparée à celle d'autres
enfants. Les résultats obtenus indiquent que ces enfants rapportent
avoir davantage peur d'aller à l'école que les autres, mais ils
n'indiquent toutefois pas une peur excessive comme l'exige le
diagnostic d'une phobie. De plus, on retrouve chez ce groupe d'autres
peurs de même intensité (ex. : la mort, les incendies, aller à
l'hôpital, les cauchemars) qui ne sont pas considérées comme des
phobies par les cliniciens. Plusieurs auteurs
des années 80 et 90 croient que l'anxiété générale est prédominante
chez ce groupe d'enfants. La peur de l'école ne serait donc pas la
caractéristique principale de cette population. En fait, ces enfants
vivraient plutôt des affects négatifs (anxiété, dépression, baisse de
l'estime de soi) qu'ils relieraient au monde scolaire. Le
terme "phobie scolaire" est requestionné également, puisque selon la
définition du terme "phobie", la peur doit être liée à un objet
spécifique. Or, l'école est un ensemble de stimuli. Savoir qu'un enfant
a une phobie scolaire donne peu d'informations sur l'objet de sa peur.
À partir de données recueillies auprès d'enfants, de parents et de
cliniciens, les auteurs avancent l'idée que, plus qu'un objet tangible
spécifique, ces enfants craindraient les situations sociales et
craindraient d'être jugés, évalués, de ne pas être appropriés devant
les autres. Plutôt que de parler de phobie scolaire, il serait plus
approprié de parler d'un "évitement d'un stimulus provoquant un état
émotif négatif ou d'une situation sociale-évaluative aversive dans le
cadre scolaire". À partir de ces données sur
la phobie scolaire, les auteurs proposent de porter une attention
particulière à l'évaluation de l'anxiété et de la dépression ainsi
qu'aux événements scolaires de nature sociale-évaluative plutôt que
d'axer l'évaluation sur la peur de l'école. Ils suggèrent de mener une
évaluation attentive et détaillée de cette population afin d'identifier
la fonction spécifique du refus scolaire et de pouvoir ainsi déterminer
des objectifs pertinents de traitement. Il s'agit d'abord d'effectuer
un dépistage des enfants vivant des craintes à fréquenter l'école pour
identifier les cas où le refus scolaire résulte d'un autre problème
(ex. : dépression sévère, comportement d'opposition, trouble
d'apprentissage). Dans les cas où le refus scolaire est la difficulté
première, il s'agit de discriminer ceux qui évitent un stimulus
provoquant en eux un état émotif négatif de ceux qui désirent éviter
une situation sociale-évaluative. Les auteurs recommandent d'employer
une variété de procédures pour corroborer ce diagnostic (entrevues et
questionnaires à l'enfant, aux parents et aux enseignants). Cette façon
de procéder permet d'obtenir un portrait détaillé de l'enfant, ce qui
est beaucoup plus aidant pour le traitement que ne l'est le diagnostic
de phobie scolaire. Le traitement prescrit doit découler directement du
portrait obtenu. - Pour les enfants qui
cherchent à éviter un stimulus provoquant en eux un état émotif, les
auteurs suggèrent une thérapie basée sur la désensibilisation
systématique et immédiate (dans les cas aigus) ou une exposition
graduelle à la situation scolaire. Pour plusieurs de ces enfants, le
sentiment d'inconfort n'est pas relié à un stimulus particulier. Des
techniques de relaxation peuvent être enseignées et, dans les cas
extrêmes, une médication anxiolytique ou antidépressive peut être
prescrite. - Dans les cas d'aversion
sociale-évaluative, les auteurs suggèrent des jeux de rôles pour
développer les habiletés sociales et une thérapie cognitive pour
travailler les distorsions de la pensée (ex. : peur d'être ridicule,
d'être rejeté, de décevoir parents et enseignants). -
Pour les enfants dont le refus scolaire est un moyen d'obtenir de
l'attention, l'intervention est faite auprès des parents, sous forme
d'entraînement à certaines habiletés (ex. : renforcement des
comportements scolaires appropriés, mise en place de règles claires,
retrait de l'attention pour les comportements inacceptables). -
Enfin, dans les cas d'enfants qui refusent d'aller à l'école parce
qu'ils obtiennent des renforcements positifs tangibles, les auteurs
recommandent une thérapie familiale et la mise en place de contrats.
L'intervention doit viser à réduire le conflit familial, à augmenter
les incitations à la fréquentation scolaire et à diminuer les
renforcements positifs du refus scolaire. Il est évidemment possible de rencontrer des cas mixtes, il faut alors en tenir compte dans le plan de traitement proposé.
La
phobie scolaire est un trouble de comportement de l'enfance et de
l'adolescence qui touche environ 5 % de cette population. Il en existe
plusieurs définitions, mais on s'accorde à dire que les
caractéristiques principales sont l'évitement scolaire et la peur
irrationnelle liés à un stimulus scolaire ou la peur d'être séparé des
parents. Les auteurs questionnent les limites et l'utilité d'un tel
diagnostic.