Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A PROPOS DES FEMMES
Archives
4 mai 2010

COMMENT DEVIENT ON MERE OU LE SENS DE LA MATERNITE...

Comment devient-on mère ?

Si l’on croit à l’instinct maternel, cette question ne se pose pas, elle ne peut pas se poser. On est femme donc on est capable d’être mère !
Oui mais quelle sorte de mère ?
La maternité n’est pas uniquement la mise en œuvre des moyens physiques dont est doté le corps féminin pour assurer la nidation, la gestation et l’accouchement d’un enfant ; cela nous le partageons avec les animaux.
Au niveau humain quelque chose d’autre se joue, qui a son histoire observable dans ses stades.

L'idéologie sociale fait que les mères doivent répondre à un "impératif moral maternel", qui leur donne un devoir d'état (de bonne mère). Les mères doivent taire leurs difficultés; de plus, il existe une restriction sémantique concernant la maternité.

Il y a une histoire des mères, pas de la maternité. Le mot "maternité" n'existe pas chez les latins et les grecs, alors que l'on retrouve les mots "paternité" et "fraternité". On peut faire l'hypothèse que c'est la force de la notion de paternité, élevée à l'absolu, qui empêche la maternité d'être imaginée et nommée.

En 1122 est introduite la "maternité de l'église catholique". Mais cela reste tout d'abord une fonction spirituelle, issue d'un besoin que l'homme éprouve que le Ciel soit maternel à son égard. Dès la création du concept donc, la maternité est une qualité ou une vertu requise de l'entité à laquelle on l'attribue. Puis la maternité s'incarne progressivement en s'appliquant tout d'abord à la Vierge Marie, mère de Dieu. De là découle comme évidence la maternité de la femme.

En 1795, par la création de l'Hospice de maternité de Port Royal, la maternité devient un lieu où l'on accouche. C'est alors que le terme de maternité perd de sa grandeur spirituelle, qui aurait pu introduire l'idée de maternité psychique, et devient "un état, une qualité de mère" (Larousse du XIX). Avec la révolution se développe le concept de RÔLE MATERNEL, avec sa réalité physique et ses contraintes morales. Au 19è siècle, l' "amour maternel" est considéré comme un fait naturel et une nécessité sociale.

Quel lien articule ensemble la maternité physique et les comportements maternels, quelle en est la nature et l'origine?" De nombreuses théories sur la maternité se développent dès le début du 20è siècle.

 

Tout d'abord, des théories idéologiques :

L'instinct maternel. C'est le Larousse du 19è qui l'impose : "Aucun raisonnement (...) ne peut rendre raison de l'instinct maternel. Mais il est plus difficile encore d'en nier la force que d'en expliquer la cause." Le Larousse décrit le rôle de mère comme l'unique raison d'être de la femme. La mère instinctive est la vraie mère, la "femme de la société" est contre-nature. Etre mère est une mission reçue de la nature.

Le Larousse de 1971 parle de l'instinct maternel comme d' "une tendance primordiale qui créé chez toute femme normale un désir de maternité et qui, une fois ce désir satisfait, incite la femme à veiller à la protection physique et morale des enfants."

L'instinct maternel devient un argument pour réclamer des mères un amour sans faille et les assujettir au devoir maternel.

Le programme maternel : John BOWLBY a développé la notion d'attachement.

Le lien mère-enfant est inhérent à la nature de l'homme.

On emploie le terme d'empreinte. C'est le bébé qui est l'initiateur de l'amour maternel. Derrière ces idées, on retrouve l'hypothèse selon laquelle l'attachement est aussi défini par un modèle cognitif et modulaire. L'attachement comme aptitude et fonction psychique est rattaché à un mécanisme spécifique du fonctionnement cérébral. La notion de "compétences précoces du nouveau-né" renforce ce modèle cognitiviste.

Puis ce développera un courant "qui vise à ne plus considérer la maternité que sous l'angle de ses influences génétiquement déterminées". (Brazelton, Stern...). C'est ici un dispositif génétique qui assure l'attachement.

 

La psychanalyse y a ajouté la notion d'interactions fantasmatiques maternelles : la relation maternelle, programmée et déclenchée par le bébé, est "colorée" par la personnalité de la mère, en particulier de ce que fut sa situation oedipienne.

Voici donc une conception mécaniciste de la maternité, comme spirale transactionnelle dans un "se-faisant" post-natal. On est passé d'une maternité devoir à une maternité automate.


Quelques théories cliniques ont également alimenté les idées sur la maternité :

 

La théorie sexuelle : La psychanalyse parle de désir d'enfant, pas de désir de maternité. Cette théorie repose sur l'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Le désir d'enfant provient de la frustration, la honte, l'envie, l'amour incestueux, la volonté de compenser, l'ambition de s'égaler à l'homme... . De plus, l'enfant n'est vu que comme un objet phallique d'appoint. Cette théorie reste cependant intéressante dans le sens où l'on y retrouve certains types de dysfonctionnements maternels.

La théorie psychiatrique: P.C. RACAMIER, en 1961, décrit la maternité comme une crise d'identité, de même type que la crise de l'adolescence.

La théorie ontologique : une "maladie normale" mène la femme à la "préoccupation

maternelle primaire" et la rend "suffisamment bonne " (Winnicott).


Genèse de la maternité


La maternité est la fonction, le rôle caractéristique de reproduction de la totalité qui a pénétré et redéfini la maternité physique.

L'enfance est l'origine de la maternité.

 
Le bébé naît mature mais incompétent. En effet, le cortex est mature, mais l'existence de zones neuronales vierges, "territoires corticaux libres" (TCL, 30% du cortex) agissent comme interrupteurs de l'arc sensori-moteur. Le cri de l'enfant qui naît "est l'unique forme de mouvement d'emblée disponible pour le bébé humain". L'émission sonore l'enveloppe à la manière -transposée- du milieu utérin. C'est une peau, un contenant. Le véritable traumatisme de la naissance, c'est l'incapacité d'agir.

Le maternage entraîne chez l'enfant le sentiment qu'il existe un domaine qui correspond au besoin natal. Le bébé "entre dans la vie dans la mesure où il entre dans l'Autre". "L' Autre est la forme première que prend la vie pour l'homme. Et la pensée est son premier mouvement, la forme nouvelle du mouvement : un mouvement vers l'Autre." Ces expériences du maternage, du "maternel", entrent dans les TCL et suturent, structurent le vide cortical. C'est là que s'inscrit le nom de la mère : son odeur, sa chaleur, sa présence, bref sa réalité.

Le bébé contient alors sa propre mère, c'est "l'inversion natale". La mère est alors "l'élément cortical manquant". La mère, c'est à dire la notion de l'Autre et le monde de l'Autre. De plus, l'étayage apporte des sensations qui font apparaître pour l'enfant le corps libidinal et découvrir le monde environnant. C'est la mère, encore une fois, qui sera le lien entre ces deux mondes, intérieur et extérieur.

 

Au commencement, l'enfant est Tout. Pour exister, il faut avoir connu cette "totalité initiale", garantie par le "bon maternage", par la protection des agressions. (Mère suffisamment bonne).Ce moment où l'enfant est dans la totalité, l'Absolu, c'est L'ORIGINAIRE. " Ce n'est pas une cause génétique, qui fait que l'homme s'attache, mais l'expérience de l'Originaire qui structure en lui, au niveau cortical, la matière de son existence et de son lien au monde, laquelle est une disposition à l'amour. La clé de voûte corticale humaine est de la nature de l'amour. ". L'homme vivra sur le compte de l'Originaire. "L'Originaire est la matière de l'hominisation en même temps qu'une charge d'amour en nous". "C'est le poids de l'homme".

 

Il y a quatre stades au développement de la capacité à être mère.


Premier stade
Il est d’abord nécessaire que l’enfant connaisse une toute petite enfance au cours de laquelle la totalité vécue dans le ventre de sa mère, soit reproduite par celle-ci, c’est-à-dire par la façon dont elle entoure son enfant de ses bras, de son regard, de son odeur, de sa voix, de ses paroles, de ses gestes …, de sa tendresse … etc. Et cette façon d’être doit être suffisante. Un premier traumatisme, aléatoire, viendrait de ce que cette étape originaire manque ou soit marquée par des lacunes trop sensibles.


Deuxième stade
Arrive un moment où la mère ne correspond plus à ce qu’elle était avant, elle ne donne plus tout, elle dit non … etc. Et c’est la nécessaire rupture avec elle. C’est un traumatisme, il fait cesser l’état originaire. C’est à dire l’état où l’enfant se confond avec sa mère. Il devient peu à peu autonome. Le difficile passage, qui conduit à ne plus jouir des prérogatives maternelles attachées au statut d’enfant, dure en général de deux à six ou sept ans.


Troisième stade
Pour la fille, le traumatisme est plus facile à surmonter puisqu’elle peut s’octroyer la capacité d’être mère, mais prendre cette place implique effectivement d’avoir perdu sa mère. Ce qui parfois n’a pas lieu.
Pour le garçon, dont le chemin se sépare ici du tronc commun préalable, le traumatisme est de subir la séparation d’avec sa mère, la fin de sa petite enfance. Qui parfois n’a pas lieu non plus. Pour faire face à la dépression qui de ce fait pourrait survenir il affirme avec force la supériorité de son moi phallique.


Quatrième stade
La maternité relève de l’inconscient comme on l’a vu et on pourrait la considérer comme un espoir trompeur.
En effet l’idée de maternité ne concerne qu’un lointain futur et pourtant la fille s’y prépare déjà maintenant et s’impatiente ; alors qu’elle n’en a vraiment pas les moyens. Il faut donc grandir. Fille et garçon vont s’adresser au père, pour qu’il confirme la validité de leur choix et aide à la possibilité de leur évolution.
La fille déploie sa séduction qui ne peut aboutir à avoir des enfants tout de suite, ni à en avoir de lui comme il l’a fait pour sa mère à elle.
C’est encore l’occasion d’une difficulté.


En fin de compte, on voit que l’enfant est bousculé depuis sa naissance ; les traumatismes s’enchaînent. Il ne cesse d’être projeté de stade en stade qui sont autant d’échec ou de fin de situations acquises à partir desquelles il faut rebondir et aller plus avant.
En tout cas c’est bien d’une vie originaire qu’émerge l’individu sexué, identifié dans son genre et porteur de son projet d’existence.
Pour la femme, ce projet pourra être celui de la maternité.


La maternité est une épreuve dans le sens où on ne peut s'empêcher de comparer ce que l'on fait à l'idéal qu'on s'était fixé. La maternité solitaire est difficile, car il faut le regard d'autrui pour soutenir la maternité. "Au moment de la résurgence de l'Originaire et de la réactualisation de ce passé, la mère est à vif." "Celui qui peut avoir le regard qui la supporte est celui qui aime la femme , c'est à dire celui qui est aussi un père pour la mère. Il aide à la maternité, il est le premier maternologue."

 



Publicité
Commentaires
A PROPOS DES FEMMES
Publicité
A PROPOS DES FEMMES
Publicité