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A PROPOS DES FEMMES
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2 juillet 2010

Sexualité et relations entre les sexes dans les médias

La publicité, la télévision, le cinéma et les nouveaux médias influencent significativement notre perception de la sexualité et des relations entre les sexes. Nous reproduisons, souvent sans nous en rendre compte, les attitudes et les comportements présentés par ces médias. Ceux-ci nous enseignent indirectement quel est notre rôle dans une relation de couple, comment une femme ou un homme « normal » doit se comporter, comment être sexuellement attirante, etc. Tous ces « apprentissages » nous amènent à adopter des comportements stéréotypés plutôt que des attitudes naturelles et personnelles.

La femme, objet sexuel

Les images provocantes de femmes nues ou légèrement vêtues sont particulièrement abondantes dans la publicité. Shari Graydon, une ancienne présidente d’Évaluation-médias, affirme que la publicité sexualise le corps des femmes pour mieux attirer l’attention du public. Les femmes deviennent des objets sexuels à partir du moment où leur corps et leur sexualité sont associés à des marchandises.

De nombreux vidéoclips et plusieurs films utilisent le corps des femmes dans un but semblable. Dans ces productions, d’innombrables actrices et figurantes sont engagées pour servir de décoration aux côtés d’un chanteur ou d’un personnage viril. Dans un document intitulé La violence et le sexisme dans les vidéoclips, le ministère de l’Éducation du Québec signale par ailleurs que les vidéoclips présentent une sexualité de l’image qui met l’accent sur l’apparence. Ceci a pour résultat de banaliser la sexualité et de la ramener au rang de produit de consommation. Plus inquiétant, l’association entre le sexe et la violence est très fréquente dans ces productions. L’agression sexuelle, le harcèlement et la violence y sont souvent présentés comme des manifestations de la passion amoureuse.

Beaucoup de chercheurs se demandent si cette sexualisation outrancière du corps féminin dans les médias est vraiment libératrice. Il y a en effet de quoi douter devant certaines tendances observables dans le monde de la publicité. En France, notamment, plusieurs grandes marques et produits prestigieux (parfums, vêtements signés, accessoires de luxe) ont lancé des campagnes publicitaires dont l’esthétique s’inspire de la pornographie. Ceci a lancé le porno chic, une mode qui a inquiété de nombreux groupes de femmes. Selon eux, ce type de publicité véhicule le stéréotype de la femme-objet et banalise la violence sexuelle en lui donnant une image glamour.

Richard Poulin, professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa et spécialiste de la pornographie, leur donne raison. Selon lui, la pornographie est profondément sexiste. « La chosification et la déshumanisation du corps féminin [propres à l’esthétique porno] ont pour effet de conférer aux hommes une supériorité... humaine sur les femmes ravalées à l’animalité. »

La chosification du corps féminin se manifeste aussi dans une foule de publicités qui n’appartiennent pas à l’esthétique porno. Jean Kilbourne, une militante de l’image des femmes dans les médias, fait remarquer que les publicités présentent souvent le corps des femmes en images isolées, jambes, seins ou cuisses. Ce choix d’images ne fait que renforcer l’idée qu’elles sont des objets sexuels et non des êtres humains à part entière. Ceci a nécessairement un impact sur les relations qu’elles entretiennent avec les hommes.

Le couple : une affaire de femmes

Le couple est l’un des sujets de prédilection des magazines féminins qui offrent une panoplie de conseils pour séduire l’homme de sa vie ou d’une nuit, amener son copain à s’engager, ou redonner du piquant à sa vie sexuelle. Dans ces chroniques, souvent inspirées par des livres de psychologie populaire, la vie de couple est présentée de manière irréaliste et figée. La communication et le pardon semblent pouvoir régler n’importe quel problème, cinq étapes suffisent à vous donner la vie sexuelle de vos rêves, les hommes répondent tous de la même façon aux avances des femmes, etc. Le plus grand problème des magazines féminins, selon Laurie Abraham, rédactrice en chef adjointe du magazine Elle américain, « c’est la quantité de mensonges qu’ils propagent sur la sexualité ».

En plus de ne refléter en rien la réalité, les articles sur la sexualité dans les magazines tendent à renforcer les stéréotypes sexuels. Les lectrices de magazines apprennent indirectement, par le biais de recettes de bonheur, que leur vie amoureuse, sexuelle et familiale est uniquement sous leur responsabilité. Ces publications transmettent une vision très traditionnelle du couple et de la famille, dans laquelle la femme prend soin de son monde et assure l’harmonie du foyer.

S’ajoute à ces obligations traditionnelles celle de performer au lit pour satisfaire son homme. En plus d’être présentée de manière superficielle et irréaliste, la vie sexuelle est dénaturée au point de devenir une activité comme une autre, soumise aux modes passagères et aux diktats de l’industrie. Plusieurs chroniques ou émissions dites d’information sur la sexualité ont les mêmes effets pervers sur notre façon de percevoir la sexualité, le phénomène ne se limite donc pas aux magazines.

Jean Kilbourne fait remarquer que le sexe dans les médias est souvent condamné « d’un point de vue puritain » : il y en a trop, il va trop loin, il encourage les jeunes à la promiscuité, etc. Mais, en fait, « les médias banalisent le sexe beaucoup plus qu’ils n’en font la promotion. Ce n’est pas un problème de moralité, mais de superficialité et de cynisme. On nous propose une pseudo-sexualité qui rend d’autant plus difficile la quête de notre authentique sexualité personnelle. »

Les relations entre les hommes et les femmes sont aussi le principal centre d’intérêt de plusieurs séries télévisées et téléromans. Qu’elle soit présentée sous un mode humoristique (Un gars, une fille) ou plus sérieux (Mon meilleur ennemi, Les poupées russes, Virginie), la vie des couples à la télévision est souvent teintée par les stéréotypes. Les femmes jouent encore fréquemment le rôle de mère, d’épouse ou de fille d’un personnage masculin plus important. Elles adoptent les attitudes traditionnellement associées à la féminité et à la maternité : douce, protectrice, attentive aux autres, généreuse, magasineuse...

Plusieurs téléséries présentent cependant un personnage principal féminin qui a une vie personnelle, professionnelle et familiale complexe (Emma, Fortier). Bien que la majorité des films à succès présentent des couples très traditionnels, on remarque une ouverture pour des personnages féminins plus forts et plus actifs. Même l’univers très macho des films d’action a fait une petite place aux dames. Les héroïnes de Tomb Raider et Charlie et ses drôles de dames sont fortes et distrayantes, à l’image de leurs confrères, mais toujours ultra féminines, élégantes et sexy (rien n’est parfait !).

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